Les théories en vigueur estimaient jusque-là qu’une partie de la population humaine avait progressivement perdu sa peau noire durant les migrations depuis l’Afrique, en remontant vers des contrées où le soleil frappe moins fort. Elles sont toujours admises, mais d’autres paramètres, moins évidents, pourraient expliquer la clarté de la peau des Européens, qui s’est amplifiée ces 5.000 dernières années.
Alimentation et séduction, le secret de la sélection des peaux claires
Impact des seules mutations aléatoires ou d’une sélection positive de ces gènes ? Des simulations informatiques expressément conçues pour distinguer les deux aspects ont permis de conclure. En prenant en compte la taille des populations de l’époque et les taux d’altérations géniques, les auteurs ont montré que ces variants ont subi une pression de sélection très importante il y a 5.000 ans, aussi forte que ceux qui permettent de digérer le lactose ou de résister au paludisme. L’évolution de la couleur de la peau n’aurait pas été constante.
Cela amène les scientifiques à une autre question : pourquoi un tel processus de sélection naturelle des dizaines de milliers d’années après la sortie d’Afrique ? Les auteurs émettent deux hypothèses distinctes. D’abord, étant donnée la chronologie des événements, ils supposent que ces populations anciennes constituaient les premiers groupes d’agriculteurs. Leur nourriture nouvelle, à base de céréales notamment, était bien moins riche en vitamine D que celles des chasseurs-cueilleurs, leurs ancêtres, qui profitaient des bienfaits du poisson ou du foie des animaux. D’où l’intérêt d’augmenter la production de cette vitamine indispensable pour la peau.
Pourquoi des yeux bleus et des cheveux blonds ? Ces deux critères ne peuvent être liés au régime alimentaire. Les auteurs y voient l’œuvre de la sélection sexuelle, les personnes présentant ces caractéristiques se révélant plus désirables. Leurs particularités physiques les rendaient originales et plus séduisantes. Même les guppys, de petits poissons, sont attirés par ce qui sort du lot…