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Il y a une vie après la mort ?


Il y a une vie après la mort ? Religion et science ne sont pas (toujours) contradictoires

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Que se passe t-il quand on meurt ? Afin de tenter de répondre à cette question, des chercheurs de l’université de Southampton ont réalisé « la plus grande étude au monde sur les expériences de mort imminente ». Et selon eux, même quand le cerveau cesse de fonctionner, la conscience peut se poursuivre. Décryptage de ces résultats par notre chroniqueur Jean-Paul Fritz.

Lorsqu’on veut opposer science et religion, on évoque souvent la question de la survie de l’esprit (ou de l’âme) après la mort.
 
Les deux extrêmes sont d’un côté ceux qui estiment que tout ce que nous pensons n’est que le résultat de réactions chimiques et que tout cesse après la mort du corps, de l’autre ceux qui estiment que nous sommes des êtres illuminés avec un fragment de divinité/de conscience universelle/de la force à l’intérieur de nous.
Bien sûr, il y a des conceptions intermédiaires, mais cela pose le problème.
L’élément le plus fascinant, d’un point de vue scientifique, c’est bien sûr ces expériences vécues par ceux qui ont frôlé la mort de près, au point d’avoir été « cliniquement morts » pendant un certain temps. 
 
Les « expériences de mort imminente » (les fameuses NDE, Near Death Experiences chères aux Anglo-saxons) et les OBE (traduites en français par « expériences de hors-corps ») font davantage l’objet de films et d’œuvres littéraires que de compte-rendus scientifiques.
 
Examiner les expériences mentales liées à la mort:
Aujourd’hui, une étude exceptionnelle vient d’être publiée sur le sujet par un groupe de médecins de l’université de Southampton (Angleterre) dans la revue médicale « Resuscitation » (le terme est un faux ami, en anglais, il veut dire réanimation). Elle va peut-être apporter des éléments, non pas pour départager scientistes absolus et penseurs illuminés, mais au moins pour faire avancer le débat dans le domaine médical.
L’étude elle-même a pris plusieurs années. Débutée en 2008 dans quinze hôpitaux britanniques, américains et autrichiens, elle s’est penchée sur les cas de 2.060 patients afin d’examiner de manière la plus large possible les expériences mentales liées à la mort.
Cela leur a permis de tester la validité de ces expériences subjectives, afin de voir ce qui peut être attribué à des hallucinations ou ce qui, au contraire, correspond à une réelle conscience de leur environnement de la part de ces patients.
 
« Contrairement aux perceptions, la mort n’est pas un moment spécifique mais un processus potentiellement réversible qui se produit après qu’une maladie grave ou un accident amènent le cœur, les poumons et le cerveau à cesser de fonctionner », explique le Dr Sam Parnia, auteur principal de l’étude. « Si des tentatives sont faites pour renverser le processus, on parle alors ‘d’arrêt cardiaque’. »

Cependant, si ces tentatives ne sont pas couronnées de succès, on parle de « mort ». Dans cette étude, nous avons voulu aller au-delà de l’expression émotionnellement chargée mais pauvrement définie de « expérience de mort imminente » pour explorer objectivement ce qui se passe quand on meurt ».

Alors, que se passe-t-il quand on meurt ?
39% des patients qui ont survécu à un arrêt cardiaque et qui ont pu être soumis à des interviews structurés décrivent une perception de conscience, mais n’ont pas de souvenirs explicites des événements. Cela suggère que davantage de personnes doivent avoir une activité mentale, mais en perdent le souvenir une fois qu’ils se sont remis, à cause soit des effets de dommages au cerveau, soit des sédatifs sur la mémoire.
 
Parmi ceux qui rapportent une perception de conscience et ont pu compléter d’autres interviews, 46% ont expérimenté une palette étendue de souvenirs en relation avec la mort qui ne correspondaient pas à l’idée communément admise des NDE : par exemple, des expériences effrayantes, ou de persécution.
 
Seulement 9% ont eu des expériences compatibles avec la définition des NDE, et 2% ont eu une conscience de leur entourage compatible avec les OBE, avec des souvenirs précis de « voir » et « entendre » ce qui se passait. L’un de ces cas a même pu être validé grâce à des stimuli auditifs utilisés pendant l’arrêt cardiaque.
 
« C’est significatif parce que l’on avait souvent supposé que les expériences en relation avec la mort étaient probablement des hallucinations ou des illusions, se produisant soit avant que le cœur ne s’arrête, soit après qu’on l’ait redémarré avec succès, et pas une expérience correspondant à des événements réels lorsque le cœur a cessé de battre », précise le Dr. Parnia.
 
« Dans ce cas, la conscience semble se produire pendant une période de trois minutes pendant laquelle le coeur ne bat pas. C’est paradoxal, puisque le cerveau cesse habituellement de fonctionner dans les 20 à 30 secondes après l’arrêt cardiaque, et ne reprend pas ses fonctions jusqu’à ce que le coeur ait été redémarré. De plus, les souvenirs détaillés de conscience visuelle, dans ce cas, étaient en accord avec des événements vérifiés. »

Une perception de conscience après un arrêt cardiaque:
L’équipe du Dr. Parnia reconnaît avec beaucoup d’humilité les limites de leurs travaux, et l’impossibilité de démontrer de manière absolue la réalité ou la signification des expériences vécues par leurs patients. Mais ils sont également convaincus que ce domaine mérite davantage d’études précises, sans préjugés.
 
De mon point de vue, cette étude marque une étape essentielle : celle de l’examen scientifique des phénomènes de conscience dits « altérés » vécus durant la période entourant la mort. 
 
Cela ne réconciliera probablement pas les athées dogmatiques avec les religieux antiscientifiques, mais pour le reste d’entre nous, il y aura certainement des enseignements à en tirer, et cela pourrait aussi limiter les abus de manipulateurs sectaires. Parfois, la spiritualité et la science ne sont pas contradictoires.
 
Je me souviens par exemple d’une discussion sur la nature de la réalité à laquelle j’ai eu la chance d’assister il y a quelques années de cela, entre le Dalaï-Lama et des chercheurs. De mon point de vue de simple observateur, les deux côtés parlaient de la même chose, ils employaient juste des mots différents. Leur point commun : ils faisaient tous preuve d’ouverture d’esprit.
 
« Si on nous démontre que le dogme a tort, nous changerons le dogme », avait dit le religieux tibétain à cette occasion…
 
Finalement, c’est encore Shakespeare qui avait raison : « Il y a plus de choses sur terre et dans les cieux, Horatio, qu’il n’en est rêvé dans votre philosophie. »

Édité par Sébastien Billard  Auteur parrainé par Benoît Raphaël

 

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